Le Président de la République a signé la loi relative aux dispositions exceptionnelles de recrutement dans le secteur public qui cible les sans-emploi qui ont passé une période de chômage de 10 ans. Avait-il le choix ? Oh que non ! Puisque cette loi populiste a été adoptée le 29 juillet 2020 par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Ne nous voilons pas la face. Cette loi ne fera que compliquer la situation déjà critique des entreprises publiques par des recrutements qui ne seront pas effectués selon les critères du mérite, de la compétence et des qualifications mais suivant une simple priorité sociale au demandeur d’emploi. Or, nos élus l’ont peut-être oublié : le bras armé du développement, c’est l’entreprise. Et ce genre de loi servira d’épée de Damoclès aux chômeurs qui agiront avec force loi pour exiger leur recrutement systématique, quitte à gonfler les charges salariales et sociales des entreprises publiques qui sont déjà des canards boiteux. Disons-le sans ambages, l’entreprise a le droit de choisir les hommes et les femmes qui vont rythmer son quotidien. Au grand dam de milliers de chômeurs, les nouveaux métiers qui requièrent du personnel ne seront pas classiques. Ils seront forcément innovants et demandant des profils de demain dans le numérique, dans la transition énergétique ou dans les infrastructures. C’est donc une exigence économique pour les entreprises que de pouvoir recruter des personnes formées et bien outillées. Et c’est exactement là où loge le mal. Comment expliquer qu’il y ait des entreprises qui cherchent des salariés avec des qualifications et qu’il y ait des hommes et des femmes qui sont disponibles par milliers et ne trouvent pas d’emploi ? C’est une réalité qui fait tout de même mal. C’est que le chômage touche prioritairement les moins qualifiés, c’est-à-dire ceux ou celles qui sont déjà les plus exposés, les plus vulnérables. Ce sont des personnes qui ont été mal orientées, qui ont suivi des études universitaires brillantes mais qui ne correspondent pas à un débouché immédiat ou ayant connu trop tôt le décrochage scolaire. Alors, pour répondre à cet enjeu qui est aussi une inégalité inacceptable, il faut un effort de formation, de réorientation professionnelle, une requalification qui leur permette de faire valoir une compétence nouvelle.
Mais pour qu’il y ait recrutement, il faut que les entreprises aillent mieux dans le dessein de récompenser, répartir la richesse et fournir de l’emploi. Il y aura, à ce moment-là, des besoins de recrutement, mais pour des personnels formés, pas pour des personnels qui sont sans qualification quel que soit leur degré de souffrance. Le social reste toujours un droit moral qui ne peut être érigé en une condition territoriale, régionale ou tribale. Avec ou sans loi, le chômage ne baissera que quand l’investissement augmentera.